Mon innocence volée : écrire pour ne plus fuir mon corps
dans ma cuisine
Lorsque j’ai écrit ce texte, j’ai compris.
C’était un exercice universitaire, un simple texte autobiographique de notre enfance à écrire en arabe. Quelque chose de très basique. Et c’est là, dans la rigueur d’un cadre scolaire, que j’ai conscientisé ce que je fuyais depuis l’enfance.
Pourquoi ce globe et l’apprentissage autodidacte m’obsédait et ce rapport compliqué à mon corps. Mon échappatoire a été ma passion pour la connaissance, la soif d’apprendre, des mots, des livres et de l’histoire. Mais aussi la gymnastique qui a développé une certaine discipline et une appétence à supporter la douleur.
Ces différentes activités étaient une stratégie de survie, une évasion et un refuge mental.

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Comment se constuire ?
Grandir dans un monde sans refuge
Je n’ai pas grandi dans la sécurité, l’amour et la douceur. Je n’ai pas grandi dans un corps et une humanité respectés. Il y avait la peur, les cris, les coups, l’humiliation et l’insécurité permanente. Et puis ce silence derrière lequel tout le monde se cachait.
Mon corps censé protéger mon âme a été source de souffrance, le pensant responsable, je l’ai haï durant de nombreuses années. Nos maisons dans lesquelles nous sommes censés trouver refuge ont été pour moi des scènes de guerre ou j’étais en lutte, permanente. Alors je me suis évadée ailleurs, dans les livres, dans l’intellect, dans la rue, dans l’idée qu’en comprenant mieux le monde je saurais anticiper. Analyste du comportement je suis devenue.
« Ce corps, je l’ai abandonné pour émigrer dans ma tête. »
on s’anésthésie
Vivre sans corps
Je suis devenue une tête, un globe, une machine à penser. J’ai quitté mon corps très tôt, tantôt je l’ignorais, tantôt je tentais de le contrôler en le privant de nourriture ou en le scarifiant. Je l’ai désaimé. Il était la preuve de ma vulnérabilité et un lieu d’attaques.
Ce corps, je l’ai abandonné, je l’ai jugé et je l’ai trouvé de trop.
Et c’est dans ce devoir d’université, des années plus tard, que j’ai vu la vérité s’écrire malgré moi grâce à la distance d’une langue étrangère. Je ne m’étais pas racontée et je m’étais effacée. J’ai conscientisé mon rapport déséquilibré entre mon corps et mon esprit.
l’écriture
Comme thérapie
Depuis petite, j’écris sur l’amour, ma vision idéaliste de ce monde. J’ai des carnets que j’ai toujours gardés pour moi, dans un lieu secret. J’imagine qu’après ma mort, mes filles y auront accès et me comprendront mieux à travers mes écrits. Aujourd’hui, je continue d’écrire, mais je ne le fais plus pour fuir, je le fais pour revenir, revenir à moi.
Pour me reconnecter à ce corps, à celle que je suis, avant que je ne m’échappe de moi-même pour survivre.
Mon innocence n’a pas été perdue, elle a été volée, par les circonstances, par les violences, par les silences et par l’inconscience. Mais je me reconstruis, mot après mot et page après page.
voici le fameux texte
Bonne lecture




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