Ce que personne ne nous prépare à affronter
Il y a des femmes qu’on ne touche pas. Parce qu’elles portent un nom, parce qu’un clan veille derrière elles, dans l’ombre.
Et puis, il y a nous. Celles qui marchent seules. Celles que personne ne suit pour s’assurer qu’elles vont bien. Celles qui n’ont pas de frère, de père, d’oncle à appeler au moindre danger.
Je fais partie de celles-là.
La protection conditionnelle : ce que j’ai vécu dans le mariage
J’ai connu, un temps, une forme de protection.
Lorsque j’étais mariée, je n’étais pas seule.
Mais cette protection avait un prix : celui de rester à ma place. De suivre les règles tacites, de ne pas dévier et de respecter le code d’honneur.
Tant que je jouais ce rôle, j’étais “protégée”.
Mais le jour où j’ai demandé le divorce, j’ai basculé dans le camp ennemi.
Je pensais trouver la liberté et la paix, j’ai découvert une facette alors inconnue de mon ex-mari, le contrôle, la menace et la peur psychologique continue.
Je me suis retrouvée comme avant, seule. Mais cette fois-ci face à un homme en colère.
Le 23 novembre 2021 : franchir la porte
J’ai accepté longtemps l’idée que je n’avais pas d’issue. Je croyais que je n’avais pas le choix et que c’était le prix à payer.
Je me suis résignée, mais quand j’ai vu que mes filles commençaient à être atteintes, quelque chose en moi s’est levé.
Et puis un jour, quelque chose a basculé. Ce jour-là, j’ai compris que ce n’était plus seulement moi qui étais en jeu. Alors, le 23 novembre 2021, j’ai franchi la porte d’un commissariat.
Seule. Avec la boule au ventre.
Avec ce sentiment étrange d’être en train de trahir une loyauté invisible, celle du silence, celle de la peur, celle de l’habitude.
Mais j’ai choisi mes filles.
Et j’ai fini par me choisir moi.
De la peur permanente à la protection légale
Ce choix a ouvert un long chemin.
Des cauchemars, du stress post-traumatique, des démarches sans fin et une fatigue que seules les femmes en lutte peuvent comprendre.
Un combat solitaire et silencieux.
Mais aujourd’hui, après des années de combat silencieux, j’ai obtenu un dispositif de protection : le téléphone grave danger.
Je n’attends plus de frapper à la porte d’un homme pour me sauver.
Je n’ai plus la peur au ventre en rentrant ou en sortant de chez moi.
Je sais qu’en cas de menace, je serais entendue et secourue.
Affronter un homme sans armure
J’ai vaincu une de mes plus grandes peurs : affronter un homme seule. Celui que j’ai aimé et avec qui j’ai fondé une famille. Tout cela sans repère, sans figure paternelle ou fraternelle. Et aujourd’hui, je sens la peur me quitter.
J’ai conquis cette sécurité sans homme pour me défendre, sans me cacher derrière un autre.
Seulement avec ma voix, ma ténacité et ma vérité.
Ce que je veux maintenant : la paix
Quand on quitte un homme, on croit qu’on part pour la liberté.
Mais on ne voit pas toujours l’angle mort : le prix à payer pour rester debout, pour ne pas revenir par fatigue, par isolement, par peur.
J’ai tenu. Et aujourd’hui, je veux une seule chose : la paix.
Pour toi qui me lis
Peut-être que toi aussi, tu n’as personne pour te protéger. Peut-être que tu crois que la douleur doit rester secrète, parce qu’elle n’est pas visible.
Peut-être que tu crois que tu dois tenir, sans fléchir, encore un peu. Mais je te le dis : il existe un autre chemin.
Il ne sera pas sans peur. Mais il peut se faire avec toi. Avec ta force. Avec ton instinct de vie.
📌 Ressources utiles
- 📞 Numéro d’écoute violences conjugales : 3919
- ⚖️ Téléphone Grave Danger – procédure en France
- 🎙️ Podcast à venir : “Une peur, un pas »
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